Désolé du coup j’ai menti dans la conclusion de mon dernier billet mais là aussi c’est la faute à Macron.
Comme beaucoup d’entre vous, je suis dans une colère noire ce soir.
Pas tant que j’espérais quoi que ce soit du taré qui est à la tête de l’État, je ne suis pas naïf à ce point. Cependant, il nous faut prendre acte de la réalité : le front républicain est définitivement mort. Nous basculons dans un pays où l’état politique est dangereux. Un pays prêt à se donner à Marine Le Pen et qui ressemble à la Hongrie ou au Japon où la gauche joue désormais son existence à chaque scrutin face à une alliance des centristes, des néo-libéraux et des fascistes qui fera barrage avec tous les moyens de l’État pour empêcher l’accession de cette première au pouvoir.
Tout cela est la conséquence de l’égo sans fin d’un chef d’État qui refuse toute remise en question de ses actes impopulaires et qui a donc choisi de se lier aux fascistes plutôt que laisser la gauche essayer de lui donner tort. Nous n’avons que faire aujourd’hui des livres d’Histoire mais si nous voulons que demain celle-ci soit écrite, il nous faut survivre et pourquoi pas gagner.
Certes, ce soir, la montagne semble immense mais il y a beaucoup d’illusions derrière tout cela et rien n’est jamais inaccessible en politique pour qui sait s’organiser. Toute escalade supposant donc un entraînement rigoureux, je vous donc en guise d’un peu d’espoir de vous donner ce qui seraient selon moi les 4 règles à suivre.
1) Tracer la ligne
La gauche doit désormais cesser de façon réelle et tangible de cultiver toute naïveté, tout compromis, toute communication avec les alliés politiques de l’extrême droite
Tout député, tout sénateur, tout responsable politique qui soutiendra par ses actes ou ses paroles le futur gouvernement Barnier doit être automatiquement exclu de toute discussion ou vote de gauche. Comme cela doit être la règle avec toute personne qui fait alliance explicite avec l’extrême droite.
L’histoire le démontre encore et toujours : la gauche a tout à perdre et absolument rien à gagner à emprunter le chemin de la moindre concession ou discussion. Il va donc être temps notamment pour le PS de faire le choix de sa ligne qui ne saurait continuer à se décider à quelques voix dans un bureau national opaque.
Il faudra également systématiser l’ignorance ou le mépris envers tout ceux et toutes celles qui essaieraient encore les foutaises de types « ni droite ni gauche, ça veut rien dire tout ça » ou « il faut négocier ». Il n’y a nul intérêt à cela pas plus que de temps à gâcher pour ces illusions qui n’aboutiront jamais à d’autres choses que des déceptions ou des compromissions.
Et au delà des responsables politiques, ce combat va devoir parfois se mener sur des terrains proches voire intimes. Nous avons chacune et chacun notre approche des relations amicales, professionnelles et familiales mais préparez vous mentalement à des moments pas faciles si jamais vous vous trouvez embarqué dans des conflits idéologiques.
2) Mettre en place un boycott médiatique nécessaire envers tous les alliés éditorialistes de l’extrême droite.
Si vous possédez encore un abonnement au Monde, au Nouvel Obs ou à n’importe quel titre de presse qui a été incapable de qualifier les jours précédents ou l’acte de ce soir pour les dangers et les scandales démocratiques qu’ils sont, je vous encourage fortement à résilier au plus vite votre abonnement.
Libération, dont je reproduis la Une plus haut, est un cas compliqué. Sa partie édito est elle aussi une catastrophe à tous les étages et le titre refuse de se séparer tant de l’odieux Quatremer que de la navrante dessinatrice Coco. Bénéficiant d’un vieil abonnement à tarif réduit, j’hésite encore mais je vous encourage clairement à ne pas payer le prix demandé actuellement.
En ce qui concerne les éditorialistes de presse régionale comme de plateau TV, je ne vois pas en quoi leur avis a à être écouté ou même partagé tant la droitisation est forte. De la haine anti gauche la plus violente sur CNews aux sympathies macronistes/RN de plus en plus marqué sur BFM et le « service » public, il n’y a désormais plus grand chose à sauver. Comme pour une très grande partie du spectre télévisuel d’ailleurs.
De manière générale, il me semble aujourd’hui bien plus sain de privilégier des médias en ligne qui savent où ils habitent à gauche plutôt que de perdre son temps avec le reste qui s’imposera de lui même. C’est un combat qui s’annonce.
3) Se rappeler et défendre les victimes actuelles et futures
La non accession à Matignon de Jordan Bardella avait pu offrir un soulagement bienvenue après des semaines de campagne électorales anxiogènes pour toutes les minorités qui sont dans le viseur du programme du RN. L’arrivée au pouvoir d’un gouvernement approuvé par Marine Le Pen rebat hélas ses cartes.
Nul doute que des gages seront demandés au gouvernement Barnier pour éviter la censure. Il est hélas à craindre que cela touchera toujours les mêmes populations déjà victimes de nombreuses discriminations. Ne pas les oublier et là aussi tenir la ligne sera indispensable.
4) Maintenons l’exigence et renforçons là.
Chaque étape de recul dans les luttes doit être l’occasion de renforcer les exigences de la gauche. Quoi qu’il arrive, nous serons traités de radicaux donc bon autant en prendre le meilleur. Si il y a de futures négociations, rien ne sert de venir avec des propositions déjà réduites. Et ce n’est pas comme si la réalité pouvait nous faire peur : le réchauffement climatique est déjà présent ainsi que les inégalités et tant d’autres choses qui renforce le diagnostic de la gauche.
La propagande n’est pas un exercice sale et elle a l’énorme avantage d’être protéiforme : nous pouvons la faire infuser de plein de manières différentes que ce soit brutale en coup de poing ou légère et répétée. Il n’y a aujourd’hui aucune bonne raison de ne pas s’accrocher à ce qui nous définit en tant que soutien de la gauche. Qu’elles soient minoritaires ou non, défendre nos idées est la seule voie de l’honnêteté.
Faire barricades
Terminons ce court et rageux billet avec l’essentiel qui pourrait se résumer selon moi au titre : il nous faut faire barricades au plus vite. Nous n’avons plus le temps des congrès, des motions, des débats à la con sur qui parle fort ou mal, des je ne sais pas quoi de la vie interne des partis, de se poser la question de l’inutilité du vote (même si il l’était, il n’y a donc aucun risque à l’utiliser après tout) ou de tel mode d’action. Il nous faut tout prendre au plus vite et couper court à la tentante et compréhensive habitude de la gauche à être critique jusqu’au moindre détail envers elle même.
La seule solution réside désormais selon moi dans la nécessaire solidarité à l’intérieur du peuple de gauche. Dans la diversité de ses moyens d’actions et de lutte ainsi que dans l’intransigeance nécessaire des frontières politiques tracées.
En conclusion : n’oublions pas. N’oublions pas l’affront pas plus le fait que rien n’est jamais perdu en politique. Que ce soit par les urnes ou la pression populaire. Rappelons nous que nous ne sommes pas seul-e-s, rappelez vous que vous n’êtes pas seul-e.
Bon courage à vous et aux personnes qui vous sont proches.