On ne retirera pas ça à Ruffin et son équipe de campagne. Quand, le soir des élections européennes, Macron annonça la dissolution de l’Assemblée Nationale, ils ont su trouvé et validé la formule juste. Nous avons un taré à la tête de l’État.
Au vu des récents événements et notamment du refus de confier les clés de Matignon au NFP, plus personne ne peut sérieusement nier que la France est gouvernée par un individu instable aussi bien politiquement que mentalement. Il n’y a en effet aucune raison stratégique ou qui va dans l’intérêt du pays de prolonger comme le fait le Président la crise politique nationale qu’il a lui-même créé et entraînant avec lui sa famille politique.
MAGAouilles
Jour après jour, la Macronie s’enfonce en effet dans une réalité parallèle où elle reste le seul rempart au chaos imaginaire qu’est la gauche et ignorant tout du danger du RN. Elle refuse encore et toujours d’accepter qu’elle a perdu les élections et qu’elle ne doit son salut qu’à l’électorat de gauche qui a été contrait de la sauver face au péril fasciste du RN. Le macronisme est devenu un trumpisme déclinant et doit être traitée comme tel.
Comme Trump, il faut cesser de croire que Macron a une stratégie. Le simple fait qu’aucune réponse n’ait été prévu lorsque Mélenchon annonce l’intention de LFI d’accepter un support sans participation à un gouvernement Castets le prouve.
Comme Trump, Macron n’agit que par instinct. Il n’est là que pour lui, par lui et avec les personnes qui ne lui disent jamais non.
Comme Trump, il n’a pour l’intérêt du pays qu’une vague forme d’attention lorsque celui-ci rejoint les siens et ceux de ses ami-e-s.
Comme Trump, il a embrassé les pires mots, les pires concepts et les pires réflexes de l’extrême droite.
Comme Trump, il se gave de chaînes de TV en continu et de petites phrases.
Comme Trump, Macron est suffisamment imbus de lui-même et déconnecté de la réalité qu’il pense qu’il peut encore se battre comme si son bilan et les défaites électorales n’existaient pas.
Condamnée à tourner en boucle sur ses lassants fantasmes classiques pour faire peur qui vont de l’antisémitisme fantasmée de LFI aux cris d’orfraies sur l’économie du programme du NFP qui nous ferait basculer au Venezuelaaaaaaaaa, les droites radotent. Et à nier ainsi et sur plein de tons différents le droit des oppositions à accéder au pouvoir, Maduro rime désormais bien plus avec Macro qu’avec Mélenchon.
Lucie, Lucie t’arrêtes pas !
Le plus triste dans tout cela, c’est que tout ce petit monde sera sans surprise soutenu dans ces manœuvres contre la gauche par une large partie de la presse de droite mais également celle qui se prétend plus en hauteur. Ainsi, la couverture du Monde des événements depuis les élections européennes est tellement pro-Macron qu’on ne sait plus distinguer ses articles de ses éditoriaux et autres billets d’humeur. Mais je creuserais le sujet du Monde dans un autre billet. Quant à Radio France, on n’oubliera pas le licenciement scandaleux de Guillaume Meurice tandis que Sophia Aram et Alain Finkielkraut gardent leurs ronds de serviette hebdomadaire.
Pour la gauche à présent, il ne lui reste plus grand chose à faire d’autre que les manifestations et de rester soudée derrière Lucie Castets. Chaque jour qui passe la rendant de plus en plus méprisé par ses adversaires et donc incontournable pour ses alliés au grand dam de la droite du PS. Sa tournée réussie des journées d’été des partis du NFP enfonçant encore plus le clou.
Quant à Mélenchon, il a réussi son réel pari. En cornérisant suffisamment Macron pour qu’il se piège lui-même et en restant dans les lignes fixées par ses adversaires, il permet à LFI d’éviter l’écartement réel du pouvoir tout en laissant de l’oxygène à son mouvement et sans diviser l’union. La tortue n’a pas fait 22% sans quelques tours dans sa carapace rouge.
Les prochains jours s’annoncent donc très incertains mais une chose devrait demeurer : il n’y a pas de gouvernement durable possible. Faute de solution miracle, Macron pourrait paradoxalement se retrouver dans la position qu’il déteste le plus : celui de spectateur impuissant. Plus personne ne venant le chercher, le pouvoir et la négociation revenant alors enfin à l’Assemblée après des années d’anomalies démocratiques et aboutissant à un programme négocié et de circonstances. Ça ou alors on revote dans un an.
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On revotera dans un an. En espérant que le RN, visiblement parti en vacances, ne réussisse pas cette fois-ci à transformer son silence stratégique en or électoral. C’est pas gagné.