Un billet plus personnel où il sera question d’habitudes ou plutôt de l’absence d’habitudes.
Si je devais faire un classement des choses qui me pourrissent la vie, on trouverait en 2ème place, juste derrière l’obésité, mon incapacité à avoir des habitudes. C’est un trait de caractère égoïste, enfantin et qui est sans douté lié à mes soucis d’attention mais dont j’ai seulement pris conscience récemment.
Trait de caractère
Je m’en suis rendu compte lors de mon apprentissage des caractères japonais. Après des essais infructueux et plusieurs méthodes j’arrive finalement à m’en sortir depuis peu et lentement avec une application qui s’appelle Anki. Me demandant pourquoi ce système de flashcard fonctionnait mieux avec moi que le reste, j’ai fini par trouver. Anki ne me demande pas de réviser tous les jours et n’impose aucun planning ou aucun timer. Je suis libre de réviser quand et comme je veux.
Poussant la réflexion plus loin, je me suis aperçu que cette réticence à avoir des activités régulières touchait tous les domaines de mon existence. Ce qui génère de nombreux oublis et beaucoup d’abandons. Ma vie est globalement un chaos improvisé. Elle n’est cadré par aucune routine et n’est guidé que par mon intérêt du moment ou par ce qui va me passer sous le nez.
Ainsi, je ne nourris pas mon chat de manière planifié. Je le fais parfois quand il vient réclamer ou tout simplement quand je passe dans la cuisine pour autre chose. Je prends mes douches et je me brosse les dents à un rythme irrégulier : ça peut être une fois le soir voire la nuit pendant quelques jours puis en revenir au matin sans aucune raison. J’annule fréquemment des rendez vous avec des professionels ou je les décale sans raison autre que « pas ce jour là ». Je peux passer 3 semaines à avoir un réveil programmé à 7h30 puis décider un jour qu’il le sera à 8h10 et le lendemain à 8h. J’ajoute parfois des réveils de manière aléatoire.
La domotique est une bénédiction pour moi. En effet, je n’ai absolument pas le réflexe d’éteindre la lumière en sortant d’une pièce. Je peux du coup le faire à la voix ou via le PC ou le téléphone. Cela m’est d’une aide précieuse. Je change de méthode et de logiciel de prise de note régulièrement. Je peux enchaîner 10 épisodes d’une série l’adorer et ne plus jamais regarder la suite. Idem avec un jeu vidéo.
Mes lessives se font de manière aléatoire et je suis incapable de gérer correctement un stock de vêtements. J’arrête tout traitement médical qui demande des prises régulières à partir du moment où les symptômes disparaissent.
Und so weiter…
Dispersé et perdu
Globalement les rares habitudes qui existent dans ma vie sont guidés soit par des contraintes sociales soit par l’intérêt intellectuel. Ainsi, je suis capable de consulter tous les midis le même site consacré à l’actualité politique américaine.
On dit souvent qu’il est bien de ne pas avoir de mauvaises habitudes mais mon problème c’est que je n’arrive pas à en intégrer de bonnes. Même si j’en connais les bénéfices et je crois à ses intérêts. Alors oui, je suis un adulte et je pourrais me forcer à le faire. Mais j’ai la conviction que la perte de liberté que cela entraînerait (20 ans de vie seul, ça marque) me conduirait fatalement à une forme de dépression.
J’ai déjà essayé de commencer à changer ce comportement. J’ai notamment voulu me contraindre à manger à une heure précise ou à faire une activité ménagère / d’apprentissage / ludique à un jour ou un moment de la journée désigné de la semaine. Cela a échoué. Très vite j’ai oublié et, comme encouragé par le fait que personne ne m’en tiendra rigueur, j’abandonne.
J’aimerais sincèrement ne plus être ce vieux gars uniquement guidé par ce qui l’intéresse et ce qu’il doit impérativement faire mais je ne sais pas vraiment comment faire, où aller, par où commencer et j’ai l’impression que c’est une montagne de plus à franchir et que le chemin à suivre est non seulement ardu mais dangereux.
Bref, c’est pas la joie. La chose qui me console c’est que je suis convaincu de ne pas être un fainéant. Je suis capable de donner beaucoup d’énergie dans ce que je fais quand j’y crois et que je suis convaincu. J’aimerais pour faire simple que les choses le soient plus. Parce que là je dois bien avouer être un peu dispersé et perdu.
Et oui, j’en reviens toujours à Céleste. Comme d’habitude.
J’espère que tu trouveras un chemin qui te sera plus profitable. Cela vaut ce que ça vaut, mais je t’envoie mes ondes positives !
C’est très personnel et intéressant de te lire, je ne qualifierais pas ce trait de caractère comme égoïste ou enfantin, je pense qu’on a tous nos traits et notre manière d’être et celle-ci fait partie de toi.
Il suffit juste de trouver la bonne méthode pour que cela te convienne et ne te mine pas dans la vie de tous les jours.
Je me demande si cette absence d’habitude peut venir d’une crainte d’une routine monotone et déprimante. C’est ce à quoi cela me fait penser lorsque tu choisis de modifier l’heure du réveil par exemple.
Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis lorsque tu parles d’Anki. C’est à la fois similaire et différent parce que je hais les contraintes, et qu’on m’impose de faire quelque chose, et en même temps je sais que si cela vient de moi, je serai moins réticent à le faire. Ce n’est pas tant une question de routine qu’une question de me sentir forcé par un élément extérieur. J’ai besoin de me sentir libre de choisir le bon moment pour m’y mettre. Sans non plus repousser à jamais l’échéance.
Je ne sais pas si tu as essayé d’avoir des listes pour te décharger mentalement et éviter d’oublier les choses que tu considères importantes ? Personnellement, depuis que j’ai commencé à dresser des listes, notamment pour les courses, ou parfois juste sur mon téléphone, ça m’a beaucoup aidé à être moins dispersé. Ça peut être des posts-its à des endroits clés pour que ce soit plus visuel, et ne pas avoir besoin de jeter un oeil sur son téléphone. Que ce soit une liste de tâche à effectuer quand j’y pense avant d’aller me coucher pour le lendemain, parce que je sais que j’ai tendance à oublier au petit matin. Comme si mon cerveau avait totalement reset.
Je ne sais pas si se contraindre à suivre un rythme ou des horaires fixes est une solution un peu trop radicale. Vu que tu pars d’un quotidien moins régit par le temps ou les habitudes, est-ce qu’il y a pas un juste milieu pour y aller doucement, sans te mettre en position d’échec fatal ?
Il y a certaines personnes qui ont besoin d’habitude pour justement avoir une sorte de stabilité et d’équilibre palpable, mais je crois qu’on a tous des besoins différents là-dessus.
De mon côté, j’ai surtout été contraint par la vie parentale d’avoir des horaires strictes, et cela a finit par devenir des habitudes encrées dans le quotidien. Et avec le temps, certaines habitudes sont devenues rassurantes parce qu’elles sont tellement répétées que c’est pratiquement un automatisme, et je n’y pense même plus.
Si cela peut te rassurer, je n’ai pas non plus d’horaire pour me brosser les dents ou me doucher.
Généralement, c’est avant d’aller me coucher que je me lave les dents, mais aucune heure fixe.
Je ne prends pas de douche régulière, je fais principalement au feeling, ça peut être une fois par jour lorsqu’il fait chaud et que j’ai transpiré, ou pas du tout pendant plusieurs jours… et pour ce qui est des machines à laver, cela dépend de l’état du panier à linge sale ainsi que de la météo. En ce moment j’essaye de caler la lessive un jour de soleil pour pouvoir le faire sécher dehors.
Je cale souvent mes tâches selon des contraintes extérieures, ou des choses qui m’y obligent… une sorte de deadline à laquelle je ne peux pas échapper, ou que si je ne respecte pas, je sais que je vais le regretter parce que ça sera encore plus chiant après. Je ne sais pas si ça te parle.
Ton post m’a fait penser à la notion du temps, et j’ai vu un documentaire Arte qui en parlait récemment, si jamais tu penses que ça peut t’intéresser : https://www.arte.tv/fr/videos/109772-000-A/le-temps-une-enigme-sans-fin/
Désolé pour mon énorme pavé dans les commentaires… !
Ah que je comprends ça ! Mais il m’arrive quelque chose d’un peu différent : j’ai perdu des habitudes. J’en avais beaucoup plus y’a quelques années, on m’en a pas mal inculquées étant gamin, et j’ai commencé à introduire de l’indulgence à mon égard (ce fameux « fais-toi du bien, arrête d’être aussi dur avec toi-même, etc ») et ça a conduit à une perte d’habitudes similaire à ce que tu décris. Et ça m’emmerde, en vrai ! J’étais plus efficace quand j’étais studieux, méthodique, strict !
La seule habitude qui reste, et restera certainement, ancrée dans ma vie à tout jamais : me brosser les dents tous les soirs avant de dormir. Parce que ma mère est dentiste, qu’elle m’a toujours expliqué à quel point c’était important. Une douche, t’en rates une, deux, on s’en fout, tu te laves bien et t’es propre. Les dents, si tu relâches ta vigilance ne serait-ce qu’une seule fois, c’est fichu. On mange tous n’importe quoi tous les jours. C’est de l’os, ça s’abîme, et ça peut vite devenir insoignable. Et à ce moment, on peut tenter de colmater, ou de remplacer avec une prothèse, mais c’est tout. On ne peut pas soigner une dent qui a souffert.
Les dents c’est le seul truc qui me fait me réveiller au beau milieu de la nuit, qui me fait me lever, et me les brosser si je l’ai pas fait. Ça ne rate jamais. C’est même possible que si je devienne complètement gâteux, je continuerais de me brosser les dents. Et c’est le seul truc que je te conseillerais de reprendre une habitude, une seule fois par jour s’il le faut, mais tous les jours, sans exception, sans relâcher sa vigilance. Faire attention à ses dents.
Pour le reste, je me suis promis d’acheter un lave-vaisselle et un roomba. Enfin, ça sera le jour où je serai dans un appart et un endroit qui me plairont.