Une question d’habitudes

Un billet plus personnel où il sera question d’habitudes ou plutôt de l’absence d’habitudes.

« Le Jardin d’Hiver » de Jean Dubuffet

Si je devais faire un classement des choses qui me pourrissent la vie, on trouverait en 2ème place, juste derrière l’obésité, mon incapacité à avoir des habitudes. C’est un trait de caractère égoïste, enfantin et qui est sans douté lié à mes soucis d’attention mais dont j’ai seulement pris conscience récemment.

Trait de caractère

Je m’en suis rendu compte lors de mon apprentissage des caractères japonais. Après des essais infructueux et plusieurs méthodes j’arrive finalement à m’en sortir depuis peu et lentement avec une application qui s’appelle Anki. Me demandant pourquoi ce système de flashcard fonctionnait mieux avec moi que le reste, j’ai fini par trouver. Anki ne me demande pas de réviser tous les jours et n’impose aucun planning ou aucun timer. Je suis libre de réviser quand et comme je veux.

Poussant la réflexion plus loin, je me suis aperçu que cette réticence à avoir des activités régulières touchait tous les domaines de mon existence. Ce qui génère de nombreux oublis et beaucoup d’abandons. Ma vie est globalement un chaos improvisé. Elle n’est cadré par aucune routine et n’est guidé que par mon intérêt du moment ou par ce qui va me passer sous le nez.

Ainsi, je ne nourris pas mon chat de manière planifié. Je le fais parfois quand il vient réclamer ou tout simplement quand je passe dans la cuisine pour autre chose. Je prends mes douches et je me brosse les dents à un rythme irrégulier : ça peut être une fois le soir voire la nuit pendant quelques jours puis en revenir au matin sans aucune raison. J’annule fréquemment des rendez vous avec des professionels ou je les décale sans raison autre que « pas ce jour là ». Je peux passer 3 semaines à avoir un réveil programmé à 7h30 puis décider un jour qu’il le sera à 8h10 et le lendemain à 8h. J’ajoute parfois des réveils de manière aléatoire.

La domotique est une bénédiction pour moi. En effet, je n’ai absolument pas le réflexe d’éteindre la lumière en sortant d’une pièce. Je peux du coup le faire à la voix ou via le PC ou le téléphone. Cela m’est d’une aide précieuse. Je change de méthode et de logiciel de prise de note régulièrement. Je peux enchaîner 10 épisodes d’une série l’adorer et ne plus jamais regarder la suite. Idem avec un jeu vidéo.

Mes lessives se font de manière aléatoire et je suis incapable de gérer correctement un stock de vêtements. J’arrête tout traitement médical qui demande des prises régulières à partir du moment où les symptômes disparaissent.

Und so weiter…

Dispersé et perdu

Globalement les rares habitudes qui existent dans ma vie sont guidés soit par des contraintes sociales soit par l’intérêt intellectuel. Ainsi, je suis capable de consulter tous les midis le même site consacré à l’actualité politique américaine.

On dit souvent qu’il est bien de ne pas avoir de mauvaises habitudes mais mon problème c’est que je n’arrive pas à en intégrer de bonnes. Même si j’en connais les bénéfices et je crois à ses intérêts. Alors oui, je suis un adulte et je pourrais me forcer à le faire. Mais j’ai la conviction que la perte de liberté que cela entraînerait (20 ans de vie seul, ça marque) me conduirait fatalement à une forme de dépression.

J’ai déjà essayé de commencer à changer ce comportement. J’ai notamment voulu me contraindre à manger à une heure précise ou à faire une activité ménagère / d’apprentissage / ludique à un jour ou un moment de la journée désigné de la semaine. Cela a échoué. Très vite j’ai oublié et, comme encouragé par le fait que personne ne m’en tiendra rigueur, j’abandonne.

J’aimerais sincèrement ne plus être ce vieux gars uniquement guidé par ce qui l’intéresse et ce qu’il doit impérativement faire mais je ne sais pas vraiment comment faire, où aller, par où commencer et j’ai l’impression que c’est une montagne de plus à franchir et que le chemin à suivre est non seulement ardu mais dangereux.

Bref, c’est pas la joie. La chose qui me console c’est que je suis convaincu de ne pas être un fainéant. Je suis capable de donner beaucoup d’énergie dans ce que je fais quand j’y crois et que je suis convaincu. J’aimerais pour faire simple que les choses le soient plus. Parce que là je dois bien avouer être un peu dispersé et perdu.

Et oui, j’en reviens toujours à Céleste. Comme d’habitude.