Au moment où je poste ceci, la campagne des législatives 2024 vient officiellement de commencer. Je ne sais pas où tout cela nous mènera ou si j’aurais le temps de vraiment écrire longuement mais je tiens à consigner sur ce blog mes pensées du moment pour vous les partager et les retrouver quand nous aurons basculé de l’autre côté.
Gagner à tout prix.
Gagner les législatives. L’objectif est désormais dans toutes les têtes des militant-e-s de gauche. Parce que nous savons les conséquences de l’échec : si une majorité absolue à l’Assemblée nationale se dégage pour l’union des fachos, non seulement ça signifie la mise en danger réelle des minorités de tout genre mais aussi un recul considérable voire une disparition des libertés et des droits. Face au danger, la gauche a eu son meilleur réflexe lorsqu’elle est acculée : s’unir.
Peu importe les entailles dans le contrat, les tweets débiles à 1h du matin, les dissidences ou les non-reconductions dans le dos, personne ne prendra le risque de briser ça. Personne. Et gare à celui ou celle qui franchira la ligne car il y a fort à parier que l’électorat ne lui pardonnera pas. Et au-delà de ça, je dois avouer ma fierté de voir mes potes et autres abonnements de gauche jouer dans leur grande majorité le jeu de ne pas étaler les divisions en public. Parfois bien mieux que certaines personnes pourtant en responsabilité politique ou médiatique.
Du personnel.
L’appel un brin lunaire mais d’une franchise cisaillante d’un Clément Viktorovitch venu calmement clamer qu’on s’en battait les roubignoles du sort personnel du… personnel politique a de quoi agacer, le sort des dirigeants a en vérité un réel impact sur le reste, mais il faut bien avouer qu’il touche quand même juste. Les récentes lancinantes batailles de porte-voix, loin d’être anecdotiques soyons clairs, sont venues donner de la force à ce message anti-egos unitaire, sincère et profond.
Fort heureusement, la fin de cette fatigante récréation s’est terminée ce dimanche à 18h avec la fin des dépôts de candidature. Désormais il n’est plus possible d’avoir de nouvelles surprises en dehors de désistements imprévus. C’est un nouvel arc qui commence et surtout la campagne qui débute sérieusement et qui va tout envahir.
Fatigues
En manager toxique qu’il est, Emmanuel Macron a donc infligé à l’ensemble du pays une campagne épuisante alors que la population aspirait à l’été. Après plusieurs mois de campagne européennes, voilà donc la France et particulièrement ses responsables politiques contraint-e-s d’enchaîner sur une séquence lourde. Cette fatigue mentale et psychique n’est pas de nature à assurer un scrutin sincère et entièrement démocratique.
Citons l’exemple de Jérôme Guedj. Quoiqu’on pense de l’homme et de ses positions (spoiler, je ne suis pas son plus grand fan), difficile de ne pas comprendre son épuisement après les violentes campagnes politique menées simultanément contre lui par des militants insoumis et des pro- Netanyahu qui sont allés très loin dans le personnel. Jérôme Guedj a pour cette raison refusé l’étiquette « Nouveau Front Populaire ». Je n’approuve pas mais je peux comprendre l’explication personnelle.
Là où le cynisme politique va très loin, c’est que la macronie a décidé hypocritement de refuser d’aligner un opposant contre lui, le rendant à nouveau cible d’accusations. Tout ceci est tout sauf sein et devrait s’arrêter au plus vite.
LFI paye et encaisse ses coups.
Difficile d’échapper aux engueulades sur les investitures LFI ces dernières heures. La bonne nouvelle c’est que LFI a enfin renoncé à présenter la candidature de Adrien Quatennens et que le reste des dissidences ne devrait pas poser trop de problèmes sur les résultats fermant ainsi la page de la polémique.
La mauvaise nouvelle pour LFI, c’est que la campagne lui échappe petit à petit. Certes le mouvement et certains de leurs militants ont leurs torts (c’est vraiment plus le moment de continuer les fions sur Twitter les gars sincèrement…) mais il serait hypocrite de leur reprocher de suivre leurs propres idées dans les nominations et les termes.
Cependant cette campagne des législatives se joue bien plus au centre puisque c’est là que se trouvent les réservoirs de voix. Cela rend par ricochet la parole et la présence de Mélenchon bien plus vulnérable et faible. Le mouvement dans son ensemble va donc devoir encaisser les coups avant et après. Il en a la triste habitude mais cette fois ce sera en plus accompagné d’une obligation quasi humiliante de parole limitée voire de silence. Ce qui n’est nullement une raison pour les accabler bien plus que de raison.
Toujours du personnel.
Vous l’avez peut-être déjà ressenti autour de vous, les gens se sont mis à parler politique. Cela va continuer avec l’accélération de cette campagne éclair qui va tous nous imprégner jusque dans nos cercles les plus intimes. Ma propre mère a même fini par me balancer « Je suis plutôt calme normalement (NDLR : c’est vrai) … mais là ils me font redevenir militante. ». Il faut s’y préparer et savoir doser ce qui relève des périodes où l’on essaye de convaincre et débattre et d’indispensables respirations et rires.
Vous vous engueulerez peut-être avec des gens qui vous sont proches. Vous vous rabibocherez peut-être avec d’autres voire avec les mêmes. Dans tous les cas, la politique va prendre plus de place dans nos vies. Ce ne sera pas évident pour tout le monde. Ce ne sera facile pour personne.
Prenez soin de vous et des autres. Et votez Front Populaire.