A mes ami-e-s de gauche, je voudrais tout d’abord vous dire qu’il est normal en ces temps difficile d’hésiter entre la panique de voir arriver au pouvoir l’extrême droite en France d’ici 4 semaines et la désespérance face à son score cumulé de presque 40%. Vous êtes probablement à la fois en colère, perdu et déprimé. Je partage ces sentiments mais j’espère par ce billet à chaud pouvoir prendre un peu de recul pour mieux nous permettre de nous organiser mentalement pour les semaines qui vont suivre.
L’effet, rien que de l’effet
Avant d’envisager la suite, revenons en aux résultats et commençons par voir que la gauche n’est pas la plus grande force perdante de cette élection. C’est le bloc macroniste unifié qui en totalisant environ 15% des voix se ridiculise en se mettant à portée du main du seul PS revigoré par sa droite. Mais la gauche est loin de pouvoir fanfaronner. Si l’on s’en tient au bloc NUPES théorique (PS + LFI + EELV + PCF), c’est un résultat amer car ce bloc totalise à peu près le même score que le RN seul alors que ce dernier est lui uni et qu’il peut compter sur le renfort des néo nazis de Zemmour qui dépassent le plafond des 5%. Seules notes douces, LFI semble dépasser les 10% et EELV sauverait 5 députés donc l’équilibre des forces devrait empêcher la disparition d’une composante dans un bain de sang politique.
Maintenant, soyons honnêtes, depuis 20h58 tout le monde se fout désormais en France de la composition de la prochaine délégation française au Parlement Européen puisque c’est l’heure à laquelle Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée Nationale après que le RN lui en ai fait la demande. Tout l’enjeu pour le président est d’arriver à rendre caduque le résultat calamiteux de ces élections pour sa famille politique en changeant le focus de manière rapide et frappante. Le pari est réussi. Mais les conséquences en ont-elles été mesurées ? Difficile de le savoir tant on peut douter que cette stratégie ait été pensée et craindre que le président soit tellement nul et, comme François Ruffin l’a justement qualifié, assez taré pour se lancer dans ce chemin d’une dangerosité extrême à quelques semaines des Jeux Olympiques.
La logique tique.
Mais au delà du choc politique voulu, il se pose maintenant un réel problème logistique. En réduisant le calendrier à 3 semaines, Macron a tout accélérer sans rien prévoir.
Imaginez un peu ce qui arrive devant nous. Les candidatures devront être déposées d’ici une semaine puis la campagne sera lancée pendant 15 jours. Il s’agira ensuite d’arriver à mobiliser les électeurs pendant 2 week end d’affilés le 30 juin et le 7 juillet. Ce qui pose de nombreux soucis : Quelle participation dans ces conditions ? Que se passera t’il pour les gens qui partiront en vacances ? Arrivera t’on à organiser de nouvelles élections de manière sereine dans ce délai ? Comment désigner 577 candidats en un temps aussi serré ?
La dissolution met également fin par définition à l’ensemble des travaux de l’Assemblée Nationale. Le projet de loi sur la fin de vie tout comme la commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le milieu du cinéma mais aussi la minable présidence de Yaël Braun-Pivet sont désormais caduques.
C’est désormais l’inconnu le plus total qui est la plus grande des certitudes. Ainsi, il est encore trop tôt pour connaître précisément les détails les plus importants du choix qui se présentera aux électeurs et notamment les unions possibles et celles qui se réaliseront. On est également incapable de savoir aujourd’hui qui seront les leaders de cette campagne improvisée. On imagine par ailleurs la galère qui attend chaînes de télévision et ARCOM pour l’application de l’équité ainsi que l’organisation des débats.
Et maintenant ?
Sur le terrain et pour nous la gauche, tout l’enjeu sera également une question d’organisation et cela commence dès maintenant. Rappelons les règles que l’on connaît ce soir :
- Vous voterez au même endroit que pour ces élections européennes dans les mêmes conditions.
- Si vous n’êtes pas inscrit aujourd’hui, vous ne le serez pas pour ces élections législatives.
- Les élections ont lieu les dimanche 30 juin et 07 juillet. (Bien que ces dates soient déja contestées.) Si vous n’êtes pas disponibles, faites une procuration au plus vite.
- Attendez…
Cette dernière règle est probablement la plus frustrante aujourd’hui mais en l’absence de réponse des partis de gauche, il est impossible d’envisager quoi que ce soit. Donc profitez du temps présent pour préparer vos forces, nous sommes dans l’œil du cyclone et la tempête viendra bien assez vite. Retenez en tout cas que nous ne sommes pas seul-e-s et que le combat n’est pas joué d’avance. Les élections législatives se jouent parfois à quelques centaines de voix, rien ne sert de partir perdant.
En attendant, sachez que ce blog continuera à publier régulièrement dans les temps qui viennent.
Prenez soin de vous et de vos proches.