Drapeau palestinien : à LFI, la gauche reconnaissante.

Avant de revenir en détail sur ces évènements franco-français, rappelons que le scandale absolu et la véritable urgence sont la réalité des souffrances infligés par Israël au peuple palestinien avec la complicité de la France comme des USA. C’est un massacre humain impardonnable qui ne saurait être expliqué ou excusé après des mois de guerre par un « droit à se défendre » ou la responsabilité unique du Hamas. Ceux qui larguent les bombes sont les premiers responsables et le premier d’entre eux a un nom : Benjamin Netanyahu dont les mains sont ensanglantées du sang de dizaines de milliers d’innocents et dont la vraie place est devant un tribunal et dans les poubelles de l’Histoire. Un cessez-le-feu immédiat suivi d’une libération de tous les otages ainsi que la reconnaissance de l’Etat de Palestine et la mise en place d’une solution à 2 états sont la seule sortie acceptable.

REGARDEZ !

Planification

On ne saura jamais si l’opération a été planifiée par un seul homme ou si elle est l’affaire du groupe entier mais une chose est en revanche certaine : en brandissant un drapeau palestinien à l’intérieur de l’hémicycle lors de la séance la plus médiatique, le député LFI Sébastien Delogu a provoqué un coup d’éclat dans la plus pure tradition des méthodes insoumises. Après des mois de résistance et de cafouillages face à un paysage politique et médiatique français ultra agressif à son encontre, le mouvement insoumis parviendra t’il enfin à récolter les fruits de sa dénonciation ininterrompue de l’état israélien ? Il est possible de le penser tant les rafales d’images insoutenables peuvent marquer les consciences.

Cette action politique a déjà une réussite à son actif : en forçant le regard et en se faisant imposer une sanction partisane ridicule, Delogu a réussi à imposer la question du massacre volontaire des réfugiés palestiniens de Rafah par l’armée israélienne à l’agenda médiatique et s’est permis en bonus de mettre le projecteur sur le comportement intolérable (pour le coup lui réel et jamais sanctionné) du député propagandiste Meyer Habib. On y reviendra.

Commençons par préciser que nul ne peut douter sur le fond de la sincérité de l’action de ce député comme de LFI tant n’importe quel parti un peu faiblard sur ses appuis aurait ployé depuis longtemps sous le poids des torrents de boue politiques et médiatiques qu’a encaissé le mouvement de gauche. En revanche, ne soyons pas naïfs sur la visée électorale de l’action. Les premiers ennemis de LFI pour les élections européennes du 9 juin sont avant tout l’abstention et la résignation et ce genre de coup d’éclat est là pour servir autant de ralliement, de rappel que d’électrochoc. Le temps joue clairement contre la liste de Manon Aubry qui ne décolle pas vraiment et tout aide de ce genre est la bienvenue.

Outrances

La bonne nouvelle du jour pour LFI c’est que la majorité de droite et les fachos sont tombés dans le piège de leurs propres outrances. Il est certes assez simple de miser sur la partisanerie sur cette question et la nullité constante du sens politique de la présidente de l’Assemblée Nationale mais là elle s’est surpassée.

Suspendant sans raison la séance, cédant face aux demandes du RN et des LR sur la tenue d’une réunion de bureau en urgence, faisant faire l’annonce symbolique de la sanction par un vice président RN et voter la sanction la plus lourde en séance le tout en quelques heures pile pour laisser aux chaînes infos le temps d’en faire des débats, Yaël Braun-Pivet a fait un sans-faute pour LFI. Et pour rajouter du symbole au spectacle déjà bien puant, le vote de censure s’est fait par assis-debout sans tenir compte du fait qu’un député écolo est…en fauteuil roulant. LFI aurait rarement pu rêver mieux pour s’inscrire en martyr, forçant ainsi le PS à voter contre la sanction et à les amener derrière eux.

La séquence aurait pu s’arrêter là mais quand la récolte est bonne, elle ne semble pas vouloir s’arrêter. Le député LR, ami personnel de Benjamin Netanyahu et auteur de plusieurs prises de paroles qui mériteraient des sanctions judiciaires Meyer Habib a pris à partie le député LFI David Giraud alors qu’il se faisait interviewer et les échanges ont été animalisant et, disons le, orduriers offrant ainsi une nouvelle séquence médiatique sur le même sujet.

Concernant les insultes, les personnes qui me connaissent savent que je suis peu friand de ces méthodes mais en même temps vu le «  »niveau » » de Meyer Habib, il est difficile de trouver un autre niveau de langage qui lui sied. Comme il le fait toujours quand on n’est pas d’accord avec lui, Meyer Habib s’est réfugié derrière l’accusation d’antisémitisme mais qui écoute encore sérieusement ce député dont la conduite agressive et vulgaire est l’une des plus grandes hontes de l’histoire de l’Assemblée Nationale ?

Je ne résiste pas en revanche à vous partager cette réponse de David Giraud sur BFM d’une surprise moyenne mais d’une efficacité impeccable.

Distinction

Alors au fond qu’est ce qui distingue cette opération politique insoumise d’une autre ? Eh bien déjà l’ambiance. C’est la première fois sur la question du conflit israélo-palestinien que LFI échappe à l’opprobre générale et que le mouvement a forcé PS et Verts à le défendre. Ensuite parce que le coup d’éclat vient gêner de manière simple et efficaces plusieurs hypocrisies, que ce soit la non réaction médiatique face aux dernières images insoutenables mais aussi le 2 poids – 2 mesures de la classe politique française quand il s’agit de tolérer les outrances d’extrême droite contre le matraquage de celle des revendications humanitaires de la gauche.

Le RN qui réunit 1 voix sur 3, ça ne se fait pas tout seul et la séquence a le mérite de montrer l’intolérance et l’aveuglement à la réalité, qui se traduit par de la violence politique, d’une grande partie de la classe politique française qui refuse de se positionner sur le problème de la politique de guerre et de colonisation d’Israël. Elle montre aussi les ambiguïtés de la liste PS dont la tête de liste s’est montré plus qu’évasif en interview lors des questions sur cette séquence.

Certes oui, la majorité de la presse se réfugie désormais derrière un pseudo antisémitisme qui viendrait derrière l’utilisation du terme « porc » mais l’accusation semble tellement hypocrite que là aussi qui l’écoute encore ? C’est là d’ailleurs le véritable danger lorsqu’on a ce réflexe pavlovien de qualifier tout désaccord d’antisémitisme, à force de le voir dans tous les endroits on ne le voit plus sérieusement nulle part et surtout là où on devrait le voir.

A la fin de journée, la séquence vient de façon agaçante valider le choix autoritaire du Vieux Mélenchon d’imposer une ligne unique au mouvement insoumis. La démocratie y perd ce que l’efficacité et la résistance y gagne. Ce n’est ni satisfaisant ni acceptable en période de paix mais lorsque la tempête gronde et que les dangers approchent, il est vital qu’un bloc solide comme LFI tienne bon. Cela se voit dans les errements de la campagne des Verts. Sans cette discipline de fer, l’effondrement était assuré. Aujourd’hui pourtant en France la gauche est toujours debout. Drapeau à la main.