A quelques semaines du scrutin et dans un triste concours de circonstances, il faut bien avouer que les têtes de listes de ces élections européennes qui sont les plus en galère sont féminines !
Spleens féminines
Le trophée du plus grand crash est sans conteste attribué à la campagne de euh...Manon…non pardon Marion…attends non c’est Marie ou Maria comment déjà la candidate des Verts ? Commencée par un meeting dont l’affiche ressemblait à celle d’un nouveau spectacle de Kyan Khojandi et précédée par un renommage du parti qui supprime notamment le mot “Europe” (ce sens du timing), la campagne solitaire des Écologistes n’a jamais réussi à créer son espace politique car elle a été prise au piège entre sa tête de liste transparente, l’agressivité militante de LFI et un Raphaël Glucksmann qui réussit pour l’instant sa stratégie de faire un Macron 2.0 en écrasant à la fois la gauche et la droite qu’est devenu le macronisme.
Quand on pense qu’il y a quelques mois, fort de son nombre important de sortants, le parti aurait pu avec un peu de manœuvre prendre la tête d’une alliance de gauche, difficile de ne pas parler de gâchis. Et l’enfer n’est peut être pas totalement terminé pour les Écologistes puisque leur liste plonge dans les sondages de plus en plus proche des 5%, seuil à atteindre pour avoir des sièges. Un redite de la présidentielle 2022 où Jadot avait fini juste en dessous le même seuil n’est pas à exclure et outre une perte nette de 13 élus serait un désaveu cinglant. Mais si les militant-e-s écologistes n’étaient pas les champions du tirage de balle dans le pied, le spectacle politique perdrait l’un de ses plus vieux numéros.
Quant aux autres femmes, Manon Aubry est celle qui s’en sort globalement le mieux. Elle parvient à progresser timidement à 8% et à marquer l’opinion indirectement grâce à la marque LFI / Rima Hassan mais la mobilisation de son électorat semble une tâche impossible et surtout la comparaison avec la présidentielle sera comme en 2019 un boulet pour le parti.
Continuons ce tour par Valérie Hayer, le mouton sacrificiel de la macronie, qui semble désormais limiter la casse à 17% soit un niveau très bas pour une liste d’union. Elle n’est pas aidée par ses propres bourdes, les soutiens gênants du big boss et ses prestations médias plus que limitées.
Marion Maréchal (liste facho n°2 option néo nazi) reste aux alentours à 6% et n’arrive pas à définir ce qu’est précisement ce nouveau racisme si différent du racisme du RN et qui pourrait charmer Colombe dans un nouveau reportage complaisant de Paul Larrouturou. Ca reste que 6% pour une néo nazi explicite, voilà quoi. Putain.
(Et histoire de ne pas laisser les hommes en dehors du bordel, vous vous souvenez du Bellamy ? Moi, non plus. Tant mieux.)
Règles byzantines
Toutefois, il est tout aussi désespérant de constater que, à l’exception de rares et discrètes séquences, les élections européennes ne parlent en France que d’enjeux nationaux. On savait l’Union éloignée mais désormais plus personne ne fait semblant de voir dans ce scrutin son enjeu concret, l’élection de députés européens, ou d’en expliquer les règles, proportionnelle à 1 tour avec répartition des sièges entre toutes les listes ayant reçu au moins 5% des voix, voire même simplement, soyons audacieux, de parler du Parlement Européen en lui-même. Qui en sera surpris ?
Machin lointain obéissant à des règles byzantines et travaillant très éloigné du regard, du contrôle voire même de la simple compréhension vague d’une large majorité de la population qu’il est censé représenter, le Parlement Européen se complait en réalité très majoritairement dans cette obscurité de confort partagé par l’ensemble des institutions de l’Union. En informatique, on dirait que ce n’est pas un bug mais une feature.
Regardez d’ailleurs ce schéma “simple” trouvé sur Wikipédia qui représente le fonctionnement des institutions de l’Union Européenne.
Étonnamment raccord pour une fois avec le reste de la population, éditorialistes et classe politique dans une quasi unanimité ont donc décidé de se désintéresser du sujet et de se focaliser sur les enjeux français. Vous comprenez, les uns ont de la propagande à vendre tandis que les autres veulent être élus. Du coup, on vit depuis des semaines sur une autre planète avec un agenda lunaire, forcé-e-s que nous sommes de faire avec.
Alors on fait comme si…
Comme si les élections européennes du 9 juin allaient avoir une énorme influence sur la recomposition chaotique du paysage politique national alors que le scénario demeure hautement improbable et sans réel précédent.
Comme si l’abstention qui devrait être une nouvelle fois largement majoritaire dans les résultats n’existait pas.
Comme s’ il n’y avait pas de massacre mené par le gouvernement israëlien avec le soutien des pays occidentaux contre la population palestinienne.
Comme si un défilé de néo-nazis à Paris était une chose normale.
Comme si le réchauffement climatique n’était pas un sujet et que c’est sans doute pour ça que le service public purge ses émissions écologiques.
Comme si la gauche était le problème et le RN un parti fondé par des nazis allait lutter contre l’antisémitisme.
Comme si la Nouvelle Calédonie n’allait pas exploser par la faute de l’intransigeance violente de la macronie.
Comme si les mêmes larmes de crocodile versées sur le désamour des urnes et l’Europe des français étaient sincères.
Comme si Meyer Habib était respectable, Cyril Hanouna drôle et Sophia Aram courageuse.
Comme si le seul avis nuancé possible sur les étudiants engagés étaient “imbéciles ou antisémite ?”
Comme si il y allait avoir le zbeul aux JO.
Comme si faire débattre uniquement ensemble facho et macronistes ne continuait pas de précipiter le paysage politique encore plus bas.
Comme si il était normal qu’interviewer Rima Hassan était devenu le nouveau concours de commissaire de police politique pour interviewers en carton.
Comme s’il n’y avait plus de pauvreté ou de misère.
Comme si BHL, Fourest et Enthoven n’étaient pas des propagandistes haineux.
Comme si Aurore Bergé, Gabriel Attal, Gérald Darmanin, Yaël Braun-Pivet ou Prisca Thevenot étaient vraiment intéressés par leurs responsabilités ou le pays plutôt que leur pouvoir.
Comme si c’était logique d’avoir un compte PSN pour jouer à Helldivers 2
Comme si à gauche, on allait gagner ces foutues élections européennes.
On dit qu’on y croit, allez….