Pour la gauche, le temps file et la tempête approche.

Telle l’Union Européenne, la gauche française ne semble pouvoir s’entendre et faire de grandes avancées que dans les crises et une fois au pied du mur. Sauf que là on approche de la date de rendu et ce qu’on l’aperçoit est loin de casser des briques mais bien plus près de s’écraser en klaxonnant. Et pour vous donner une idée d’à quel point tout cela devient sérieux, permettez moi d’accompagner votre lecture avec le thème de Détective Conan.

Thème de Détective Conan aussi appelé « le saxo du cul que quand tu l’entends, tu sais que ça devient sérieux. »

La communauté et la négo

Embourbées dans des différences d’approche et de conception politique entre ses 2 bords et entourées de pas mal de bruits de rancunes, les discussions internes au NFP prennent du temps. Ses difficultés sont hélas normales et tristement attendues tant cette dissolution mal dégoupillée aura forgée une alliance électorale qui, malgré son indispensabilité incontestable, s’est faite dans la douleur et la précipitation.

Oui mais voilà le peuple de gauche est impatient comme un gosse dans la file d’attente du glacier et il a vite fait de traiter tout ou partie de son monde de nul et d’incapable. A cela, on lui opposera que sortir des noms et du consensus de discussions politiques multipartites où chaque membre a son droit de veto est tout sauf un exercice aisé. On pourra aussi répondre que le processus prend naturellement du temps et qu’on ne peut pas tout sortir tout cuit aussi rapidement. Tout cela est vrai mais cela ne justifie en rien certaines pratiques qu’il va devenir URGENT de réguler.

Commençons par la base pour les « responsables » et autres militants bien suivis.

ARRÊTEZ. DE. VOUS. ENGUEULER. EN. PUBLIC. SUR. TWITTER.

PAR. PITIÉ.

VRAIMENT.

JE SUIS PRÊT A SORTIR LA HACHE.

Que vous utilisiez Twitter pour diffuser rapidement un message, faire de la propagande ou répondre ok. Moi aussi je suis accroc hein. Mais pas ça bordel. Vous avez pas vu le même avec Mélenchon ?

C’est bon ? Vous avez compris ?

On sait que le réseau est toxique mais éviter de rajouter vos mauvais 280 caractères au bordel ambiant. C’est pas très compliqué punaise. Vous avez vos 06. Je le sais, j’ai vu Baron Noir. Alors utilisez les et arrêtez d’aller sur BFM ou autre pour faire la même chose aussi.

Tiens tant qu’on en est à parler de ce qui se dit en public. On peut arrêter d’avoir les candidatures balancées comme ça au débotté svp ? Ça vous fatigue, déjà, et pour les autres, vous vous rendez pas compte de ce que c’est … Moi quand vous faites ça, ça me fout une angoisse. Je pourrais vous tuer, je crois. Ensuite ça éviterait aux dites personnes de se faire harceler par des zinzins qui font de la chasse aux archives pour prouver tout et son contraire.

Tout le monde est fatigué donc évitons d’alimenter le feu qui ne réchauffe que nos adversaires.

(Et au passage oui Tubiana c’est du foutage de gueule, sérieusement EELV et le PC vous faites quoi là ?)

Les deux tours et les suivants.

Surtout que pendant ce temps là les épreuves politiques arrivent.

La première est l’élection du président ou de la présidente de l’Assemblée Nationale qui aura lieu ce jeudi. Si personne ne s’attend sérieusement à ce qu’une candidature fasse suffisamment consensus pour permettre une élection à la majorité absolue, le nom qui recevra le plus de votes donnera une indication indiscutable des rapports de force.

Pour la gauche, c’est une épreuve redoutable. Théoriquement la gauche est unie sur le principe d’une candidature unique ce qui n’est pas un détail car échouer à présenter un seul nom reviendrait à acter la fin du NFP. Reste le plus difficile : gagner. Ne pas recueillir la majorité relative rendrait en effet quasi impossible la formation d’un gouvernement. La droite le sait, elle compte d’ailleurs dessus avec une stratégie bien brune.

En effet si le NFP dispose du plus grand nombre de voix en tant qu’alliance, la volatilité du vote RN peut très bien le priver de la victoire en soutenant un candidat macroniste ou LR. C’est toutefois un élément sur laquelle la gauche n’a aucune prise mais sur lequel sa volonté de priver de toute poste clé le RN peut jouer.

Il faut toutefois se réjouir de la décision de la gauche d’enfin ouvrir les yeux sur la nécessité de faire barrage à tout poste évitable pour l’extrême droite. Quel qu’en soit le prix, toute autre décision est déshonorante pour quiconque a profité du barrage républicain dans les urnes.

Et tant qu’à parler d’allié du RN, la tension est encore montée d’un cran ce soir puisqu’on a appris ce soir que la candidate au perchoir qui aura le soutien inconditionnel de la macronie est Yaël Braun-Pivet. L’ex présidente dont la partialité anti gauche, la proximité avec l’extrême droite et l’absence d’indépendance vis à vis de l’Élysée n’est plus à démontrer tant il suffit de regarder sa précédente présidence.

Face à cette candidature dangereuse, la gauche ne peut simplement se permettre, à défaut de pouvoir s’assurer de son blocage, de n’y accorder la moindre sympathie ou le moindre bulletin. Quiconque s’alliera avec Braun-Pivet n’a rien à faire au NFP.

Sébastien Chenu, ex vice président RN de l’Assemblée Nationale élu avec les voix macronistes et dont Yaël Braun Pivet a déclaré qu’il n’était pas ’est pas « un bon mais un très bon vice-président de l’Assemblée ».

Et encore cette élection n’est que le début puisque sans majorité définie et avec les députés RN en faiseurs de reines et de roi, il peut encore arriver de nombreuses surprises pour les présidences de commissions et tous les autres postes de l’Assemblée.

La pression va donc sérieusement monter d’un cran pour trouver un accord de fonctionnement global. Or le dilemme à gauche reste le même. Les groupes qui s’allieraient à Macron doivent le redouter : accepter la coalition c’est prendre l’énorme risque d’être balayé en interne à court terme et dans les urnes à moyen terme. Très probablement au profit du RN. Pas sûr pour euphémiser que cela vaille le prix de la trahison.

Le laid tour du roi

Avant de conclure ce billet, permettez moi de rappeler une évidence qui pourrait être utile à de nombreux élu-e-s tant cela permet de se rappeler pourquoi l’alliance avec les macronistes est impossible : le responsable du bazar s’appelle Emmanuel Macron. C’est lui et lui seul qui a déclenché tout ça parce qu’il refuse de reconnaître le moindre échec électoral depuis les européennes. Au vu des différents récits et portraits tant du bonhomme que du cycle de décision, accordons à Ruffin de taper juste lorsqu’il déclarait qu’on a un taré à la tête de l’État.

Aussi insupportable et excessifs que soit les détours d’équilibriste et les insultes continues des vieux barons locaux du PS, la dramaturgie insoumise, la Tondelier Mania ou l’absence de ligne réelle du PCF dans ses négociations, n’oublions jamais que l’accession au pouvoir des fascistes est rendu chaque jour plus aisé à cause de l’irresponsabilité absolue d’un président toujours en exercice. Ce type a un nom, il a une adresse et on a sa trace dans l’histoire politique à lui pourrir.

En ces temps de JO, n’oublions pas non plus que la politique n’a qu’une place sur son podium. Il n’y a aucune victoire morale qui n’ait jamais changé quoi que ce soit d’autre que le gonflage de l’égo de celles et ceux qui s’en revendique.

Personne ne dira jamais « Bon l’extrême droite a gagné mais l’essentiel c’était de participer ».

A la fin, ce sera eux ou nous.

En attendant le dénouement de ce sac de nœud, prenez soin de vous et des autres.